Je vous livre (ah ah ah le super jeu de mot!) ici quelques noms et résumés de bouquin que j'ai récemment lus et appréciés. Si jamais vous avez d'autres titres intéressants permettant de constituer une petite collection aidant à patienter pendant la fermeture à venir, n'hésitez surtout pas!
Le classique des classiques:"Tu veux ma mort, poisson, pensa le vieux. C'est ton droit. Camarade, je n'ai jamais rien vu de plus grand, ni de plus noble, ni de plus calme, ni de plus beau que toi. Allez, vas-y, tue-moi. Ça m'est égal lequel de nous deux qui tue l'autre. Qu'est-ce que je raconte ? pensa-t-il. Voilà que je déraille. Faut garder la tête froide. Garde la tête froide et endure ton mal comme un homme. Ou comme un poisson."
Un autre rapide et facile à lire, assez sympa:"Ce roman est bouleversant car il parle de l'enfance, de celle que nous avons, pour beaucoup d'entre nous, partagée, cette enfance passée au bord de l'eau pour de bonnes raisons (y en a-t-il vraiment de mauvaises quand on va à la pêche ?) et qui forme une matrice dans laquelle se bercera le reste de la vie.
Dans ce roman, pêche et littérature sont intimement enlacées. Il est plus qu'un roman initiatique dans lequel il faut apprendre à rattraper ses rêves d'enfance, ses rêves de rivières et de poissons scintillants qui étaient là comme des amis fidèles et facétieux pour aider à traverser les temps difficiles. Peut-être avons-nous un roman d'apprentissage dans lequel l'innocence originelle de l'enfant que l'on mesure à la norme des adultes trouve dans l'aventure des eaux vives son accomplissement. Un roman autobiographique alors ? Parce que l'auteur, à travers l'écriture, fait trace de son parcours singulier et de son moi conscient. Peut-être... Mais est-ce si important ?
La pêche à rôder, c'est se glisser d'une rive à l'autre, du passé au présent, de l'obscur des eaux profondes à la lumière des écailles étincelantes, de l'innocence de l'enfant pantelant devant l'inconnu à la conscience de soi de l'écrivain dans la maîtrise de son art halieutique et littéraire.
C'est raccommoder son être par le fil de la pêche, au fil de l'eau. C'est exister par les rivières et son petit peuple, confondre le biotope et le biographe. Rôder au bord de l'eau, mémoires d'outre-ondes !"
Un incontournable:"Vous n'avez jamais vu l'aube. La vraie. Pas celle du premier train de banlieue. Seul le pêcheur sait le goût exact du matin, le goût du pain et celui du café de l'aurore. Il a, seul, ces privilèges exorbitants. Né subtil, il n'en parle pas. Il garde tout cela pour lui. C'est un secret entre le poisson et lui, l'herbe et lui, l'eau et lui. Poisson, roseau pensant dans les roseaux, je te salue ! Tu mérites, plus que la guêpe, un coup de chapeau. Un soleil d'Austerlitz monte sur Jaligny ébloui par tant de gloire et de lumière. Je pêche dans une toile de Monet. Me voilà au Salon de l'Été, accroché à un mur de verdure. J'habite tous les châteaux d'eau. J'aime toutes les pêches. Toutes les rivières. Tous les canaux. Tous les étangs. Je peux même pêcher le poisson-chat, ce Frankenstein des eaux, dans une mare de ferme, lancer ma ligne entre deux canards. Je pourrais vous raconter mes très modestes histoires de pêche jusqu'à la nuit, niais c'est déjà la nuit. L'oiseau bleu file au ras de l'eau, sur coussin d'air. Ça, c'est une loutre et ça, c'est une bécassine. Il pleut à peine sur la rivière, si peu que l'on pourrait croire qu'il s'agit des ablettes qui moucheronnent. C'est le soir. Déjà le soir. Des gouttes d'angélus tombent d'un peuplier."
A vous...