Le chevesne (ou chevaine, de son petit nom scientifique
Leuciscus cephalus, et
chub en anglais, ou encore
cheyenne pour les intimes) est un poisson omnivore à tendance piscivore, c’est-à-dire qu’il mange de tout (larves, insectes, végétaux, fruits, vers, crustacés…) mais qu’il ne dédaigne pas de croquer des petits poissons de temps en temps. Il aime les eaux vives et on le trouve donc principalement dans les fleuves, rivières (y compris de 1ère catégorie), et canaux. Il peut dépasser les 50 cm (déjà de beaux poissons de près de 2 kg) et atteindre parfois 70 ou 80 cm (enfin paraît-il, je n’en ai jamais vu ni pris de cette taille). Très fréquent dans nos rivières (notamment chez nous la Marne et la Seine, mais aussi les canaux et certaines rivières plus petites comme le Grand Morin ou l’Yerres), vivant souvent en bancs, il est peu recherché par les pêcheurs « classiques » car il n’est pas réputé pour sa chair, pleine d’arêtes, tant mieux pour nous car il prospère tranquillement dans une certaine indifférence ! L’autre avantage c’est qu’il se pêche à plein de techniques (au coup, avec des fruits, au sang, à la mouche, etc.) et notamment, pour ce qui nous intéresse ici, il se pêche facilement aux leurres. Capable d’une grande méfiance, il peut malgré tout se montrer très coopératif à certaines périodes, notamment l’été. En plus de ça, il monte très facilement en surface prendre nos leurres. Dernier point, en le recherchant on prendra aussi souvent de la perche, une autre espèce très présente et prolifique. Pour toutes ces raisons, il ne faut vraiment pas hésiter à faire quelques sorties au chevesne à la belle saison, c’est un excellent apprentissage des leurres, et aussi une façon de s’éclater avec de belles pêches où la bredouille est rare, j’ai cette année réalisé plusieurs journées avec près de 20 chevesnes sortis, la plupart entre 40 et 50 cm, et facilement le double d’attaques ratées et de poissons décrochés, bref dans ces cas là c’est fréquemment une attaque à chaque lancer ou presque, on n’a vraiment pas le temps de s’ennuyer !
L'ami Pat en action :
Côté matériel, ce qu’il faut retenir c’est qu’on utilisera des petits leurres compris entre 3 et 8 cm, et la plupart du temps autour des 5 – 6 cm, donc des leurres dont le poids varie entre 1,5 et 12 g, avec une moyenne entre 3,5 et 10 g. Bien sur, dans ces conditions il vaut mieux oublier les cannes à bigbaits ou à silure, une canne courte (1m80 à 2m10) d’une puissance L (light) ou ML (medium light), conviendra le mieux, et parfois il faudra venir flirter avec l’ultra-léger (UL). Les cannes spinning restent les plus adaptées à ces petits leurres, pour ma part j’utilise avec bonheur une Trinis ML (3 – 10,5 g) de Sakura, qui me sert dans 90% des cas pour cette pêche, et que je complète parfois avec une Damiki Dark Angel UL pour les plus petits leurres, ou au contraire avec une petite casting ML (Smith Strategy ou Sakura Antidote) pour des leurres un peu plus lourds ou qui tirent un peu plus.
Pour le reste du matériel, un moulinet Daïwa Exceller Plus 1500 et un Shimano Exage 2500, le tout garni en nylon de 30 centièmes, et avec un long bas de ligne fluoro (au moins 2 m) dans le même diamètre (j’utilisais avant du 26 centièmes en bas de ligne, mais après avoir subi plusieurs casses lors des premiers rushs parfois violents, j’ai augmenté le diamètre et depuis plus de problème). Pour finir, une petite agrafe fine et légère, genre Loop de Rapala, pour changer facilement de leurre sans le déséquilibrer.
Côté leurres, comme je l’ai dit, c’est du petit. Je distinguerai 3 familles principales : les leurres de surface (ne pas hésiter, c’est le pied d’avoir des attaques violentes en surface !!!), les petits minnows (leurres de forme allongées, type vairon) et surtout les petits crankbaits qui me paraissent être les meilleurs pour le « chub ». Selon les conditions et l’humeur des poissons, on choisira des leurres qui nagent en surface ou juste sous la surface, ou au contraire des leurres à grande bavette nageant plus profond.
Voici quelques uns de mes modèles favoris (je précise que je n’ai pas d’action chez Lucky Craft mais c’est une de mes marques préférées donc la plupart de mes leurres en sont issus) :
. les leurres de surface : Malas (Lucky Craft), Bevy Popper (LC), Bevy Pencil (LC), Sammy 65 (LC), Gunnish 75 (LC), Keroll (LC) et tous les poppers...
. les leurres de type minnow : Tiny Fry 38 (Illex), Humpback Minnow (LC), B-Freeze 48 et 65 (LC, en modèle SP ou LB = longue bavette), Wander 60 et 80 (LC), Flash Minnow 80 (LC), Jade (Smith), Live-X Smolt (Megabass), Staysee 60 (LC)…
. les cranks (nageant plus ou moins profond selon les modèles, de juste sous la surface à environ 2m ou plus) : Chubby et D-Chubby (Illex), Cherry et D-Cherry (Illex), Bevy Crank SR et DR (LC), Sea Beeti Crank (Sakura / River2Sea), Baby Crank (Strike Pro), CB Mighty (LC), Fat CB BDS Zero (LC), CB001/100/200/350 (LC)…
Il y en a d’autres, et tous les modèles approchants peuvent convenir, mais j’ai dans ceux-ci une confiance absolue et ils m’ont tous rapporté du poisson, et beaucoup pour certains.
Je précise que je ne pêche jamais le chevesne aux leurres souples, je trouve personnellement que ce leurre n’est pas efficace et j’ai d’autres amis qui pensent comme moi, pourtant je sais que d’autres pêcheurs sont d’un avis contraire, chacun son truc…
Quelques leurres (le B-Freeze 100 n'est là que pour donner une échelle) :
Pour finir, quelques mots sur les bons postes et la pêche. Les secteurs favorables sont multiples : les courants (aval des barrages, milieu de la rivière, etc.), les zones abritées tout en restant proches du courant (calmes, plages, reculées, arrière des piles de pont, etc.), les zones à l’ombre (buissons immergés, arbres surplombants, etc.), celles avec de la pierre ou du métal (ponts, ports, quais, éboulis, palplanches, péniches, etc.), les arrivées d’eau (tributaire, sortie d’égout ou de centrale, etc.), les herbiers, les arbres morts, les radiers…
Côté pêche, rien de plus simple, mais il faut juste rester assez discret car le bestiau est méfiant, et parfois être précis (pour lancer dans un trou de souris entre 2 buissons immergés par exemple, ou sous un arbre surplombant). L’attaque a souvent lieu dès le poser du leurre ou dès qu’on passe sur la bonne zone (au-dessus d’herbiers ou de la cassure par exemple), quand il est décidé le chevesne ne lésine pas et l’attaque est violente. Il arrive parfois que le chevesne suive et qu’il attaque au dernier moment, mais je préfère compter sur les attaques réflexes, j’anime donc souvent mes leurres assez rapidement, sans pauses, pour qu’il n’ait pas le temps de réfléchir et de se méfier. On peut aussi parfois le pêcher à vue, et il y a la célèbre ruse alors de lui lancer le leurre juste derrière lui, souvent le chevesne se retourne d’un coup pour sauter sur le leurre sans réfléchir. Le chevesne se pique souvent tout seul, mais un bon ferrage est néanmoins nécessaire pour assurer la prise car ce poisson a des lèvres charnues assez dures. Le combat est assez violent au début, mais dure rarement longtemps, malgré tout avec un chevesne de plusieurs kilos il faut rester prudent jusqu’au bout. Pour la sortie de l’eau, pour moi c’est prise à la pince obligatoire, car ce poisson est glissant, sa gueule est petite, et avec un leurre à 2 triples la prise à la main est dangereuse, surtout qu’il est capable de se débattre violemment au dernier moment.
Voilà, j’espère vous avoir donné envie de vous lancer dans la pêche du « cheyenne » aux leurres, et si certains sont intéressés, on pourra essayer de passer aux exercices pratiques l’année prochaine à la belle saison, en Marne !